Critique : Paradise Lost

De Andrea Di Stefano avec Benicio Del Toro, Josh Hutcherson et Claudia Traisac

La note des Cinévores : 1étoile

« La nature a des lois et quand elles prennent le dessus, il faut s’y soumettre. » Cette réplique résume à elle seule Paradise Lost. Relatant l’histoire d’amour entre Nick, un jeune surfeur irlandais, et Maria, la nièce d’un gros narcotrafiquant dans la Colombie des années 1980 et 1990, ledit long métrage d’Andrea Di Stefano nous plonge dans un pays rongé de l’intérieur par la drogue, la corruption et les mensonges. C’est ce que découvre le héros en débarquant sur place, des rêves plein les yeux, espérant un eldorado qui lui fait faux bond. Pire ? Ce dernier ignore que sa relation avec Maria va le placer au cœur d’un cyclone humain dénommé Pablo Escobar. Écrit par le réalisateur, le scénario de Paradise Lost oscille hélas, sans liant, entre le thriller où se percutent rebondissements, suspense et excitation et le drame romantique qui fait s’enchaîner scènes tragiques, pathétiques et parfois comiques. Malheureusement pour le spectateur, en voulant créer un récit multi-stratifié, Andrea Di Stefano se perd dans son arc narratif, nous trimballe de part et d’autre de sa chronologie jusqu’à nous laisser sur le bas-côté d’une banale histoire (d’amour). Et si l’on pourrait penser que cette (dé)composition narrative n’est qu’un détail, elle s’avère très embêtante lorsqu’on réalise avec horreur que les premières minutes du film nous dévoilent déjà tout de la fin. Un choix qui laisse forcément dubitatif et réveille un sentiment de déception. Pour autant, tout n’est pas à jeter dans ce Paradise Lost. A commencer par les deux acteurs principaux : Benicio Del Toro et Josh Hutcherson. Brillant et un poil terrifiant en Pablo Escobar, le premier impressionne quand le second convainc par la candeur qu’il dégage. De plus, la bande originale, composée par Max Richter (déjà à l’œuvre sur Valse avec Bachir et Le Congrès d’Ari Folman), est une petite merveille qui ferait presque passer la pilule. Presque ! Parce qu’en définitive, si l’on ne peut pas dire que le premier essai derrière la caméra d’Andrea Di Stefano soit un échec complet, force est de constater que son scénario brouillon et son montage gauche ont raison de son ambition. Le paradis est perdu. Le pari aussi !

Wyzman Rajaona