Critique : Arnaud fait son 2ème film

2004. Avec Clara et moi, premier film tendre dans lequel il dirigeait le duo Julie Gayet et Julien Boisselier, Arnaud Viard s’imposait comme un cinéaste prometteur. Longtemps cantonné à des seconds rôles, entre télévision et cinéma, ce dernier entrevoyait enfin le début d’une carrière rêvée dans la mise en scène. Hélas, les années ont filé et la garantie de monter en puissance s’est insidieusement évanouie. Onze ans plus tard, l’intéressé raconte cette période de vache maigre dans un second long métrage bref, attachant et d’une humanité criante. Remis en selle grâce au producteur Marc Simoncini (le fondateur de Meetic), Arnaud Viard se raconte sans fard, à hauteur d’artiste cabossé. Loin des paillettes qui collent à la peau du septième art, nous le découvrons en galérien. Après sa participation à une série télévisée purement alimentaire sur TF1, il se sépare de son épouse qui n’a pas été en mesure de lui offrir cet enfant tant espéré. Côté professionnel, il accepte de devenir professeur au cours Florent, où il rencontre Gabrielle, une étudiante qui ranime son cœur. Mais la véritable impulsion vient finalement de sa maman, avec qui il partage une complicité bouleversante. C’est à sa mort que le quarantenaire décide d’écrire ce qui deviendra Arnaud fait son 2ème film. Une œuvre courageusement autobiographique qui évite dans les grandes lignes le piège du trip égocentré. Avec une rare économie de moyens, il insuffle à son vécu une dimension universelle qui touchera tous ceux qui, comme lui, se sont retrouvés un jour dos au mur. Par le prisme de cette louable renaissance s’élève le talent d’un acteur charismatique qui ne devrait pas avoir de mal à réaliser son… 3ème film !

Mehdi Omaïs