De Ricardo Trogi avec Jean-Carl Boucher, Sandrine Bisson et Claudio Colangelo
Avec cette suite de 1981, le cinéaste québécois Ricardo Trogi poursuit la chronique douce-amère de sa jeunesse. Dans 1987, il se raconte ainsi à 17 ans, durant la délicate transition entre l’adolescence et l’âge adulte, alors qu’il quitte à peine le lycée, confronté à son incapacité à choisir une carrière et irrigué par son envie pressante de faire l’amour pour la première fois. Entre engueulades avec ses parents, virées catastrophiques entre potes et refoulements à l’entrée de la boîte Le Dagobert (un des très nombreux, et réussis, gags récurrents), Trogi livre un film initiatique où son héros (campé une nouvelle fois par l’excellent Jean-Carl Boucher) sera, au terme d’échecs, de rêves brisés et de déceptions, un peu plus un homme à la fin… Si on met de côté tous les ressorts nostalgiques toujours efficaces (voitures, costumes, musique et autres petits détails de la vie quotidienne d’alors), 1987 est, du strict point de vue de la mise en scène, relativement nonchalant, même si Trogi a quelques fulgurances de réalisation (réussissant notamment une vraie belle scène de pur cinéma avec l’unique apparition de la sœur de Ricardo) et fait preuve d’une vraie fantaisie visuelle (les inserts descriptifs des personnages à l’image, par exemple). Mais l’intérêt du film demeure autre part : dans la chronique attendrie de cet adulte qui se revoit adolescent (et sachant toutes les blessures que cet âge ingrat peut engendrer) et, surtout, dans sa très fine description de la relation père-fils, qui donne lieu à des scènes aux teintes émotionnelles très diverses et toujours justes. Sincère par essence, l’ensemble devient franchement poignant à travers les regards échangés brièvement, nourrissant d’émotions les non-dits entre Benito et Ricardo. Teen movie québécois, 1987 fait resurgir la flamme de l’adolescent qui est en chacun de nous. Pendant un peu moins de deux heures, c’est si bon de la sentir à nouveau…
Thomas Destouches
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