Interview : Virginie Efira, une star sans Caprice !

EfiraLa pétillante Virginie Efira est à l’affiche ce mercredi de la comédie Caprice, huitième long métrage du réalisateur Emmanuel Mouret. Elle y incarne Alicia, une célèbre actrice de théâtre pour laquelle succombe le héros.

 

 

 

Est-ce qu’Emmanuel Mouret vous a expliqué pourquoi il vous a choisie ?

Non… Je me suis dit que c’était un malentendu. Du coup, je n’ai pas osé poser de questions. J’aime beaucoup son travail… On a une sensibilité artistique commune. Avant, j’avais le sentiment que ce qui me définissait dans ce qu’on pouvait me proposer, c’était l’accessibilité. Les adjectifs qui reviennent souvent pour me qualifier sont « simple » ou « avenante ». Là, ce n’était pas ça du tout.

Caprice : Photo Virginie EfiraQu’est-ce qui vous plait chez lui ?

J’aime le cinéma dénué de naturalisme comme Mauvais sang de Leos Carax ou Trop belle pour toi de Bertrand Blier. Je suis sensible au romantisme et aux œuvres qui verbalisent les sentiments. Emmanuel Mouret promène la pensée des gens. On se sait pas toujours où on va. Il y a de la grâce. Il laisse également de l’espace aux personnages, comme chez Valeria Bruni-Tedeschi. J’adore son univers !

Quand vous avez terminé de lire le scénario de Caprice, vous aviez plein de questions à propos de votre personnage… Pourquoi ?

Parce que j’ai trouvé Alicia un peu estropiée. Ça m’étonnait de voir une femme si parfaite, douce et compréhensive qui ne crie jamais. Elle n’a pas de poussée de violence. (Réflexion) J’adore Marilyn Monroe, comme tout le monde… Emmanuel m’a parlé d’elle et de son émerveillement constant sur le monde. Il m’a fait comprendre que ce n’était pas forcément de la bêtise mais de la candeur. En gros, je voulais être sûr qu’Alicia ne soit pas nunuche (rires). Vous savez, ce n’est pas parce qu’on ne nomme pas son tourment qu’on n’en a pas.

Alicia vous amène aussi sur des sentiers jusqu’alors inexplorés…

Absolument, surtout celui de la mélancolie. Ou de la jolie résignation d’une femme qui comprend avec le temps qu’elle ne peut pas tout maîtriser. Que la vie a parfois plus d’imagination qu’elle, que nous… Cette acceptation est importante. Il n’y a pas d’embourgeoisement de la pensée dans ce film. Ce n’est pas névrotique.

Caprice : Photo Emmanuel Mouret, Laurent Stocker, Virginie EfiraEst-ce qu’en incarnant une comédienne, on y met forcément plus de soi ?

Non parce qu’elle est globalement assez différente de moi. La hiérarchie du cinéma ne fait pas tout à fait partie de moi. Je ne suis pas née là-dedans. J’ai fait autre chose avant. Le seul point commun évident, c’est qu’Alicia n’est pas sensible à son positionnement ou son statut. Certes, je ne suis pas Madonna mais je fais un déni du vedettariat. Parfois on me regarde dans la rue et je dois me rappeler que je suis connue.

Et pourtant, le vedettariat est plus prégnant que jamais…

C’est vrai qu’on est dans un système où la notoriété est hyper valorisée. J’ai eu la chance de faire de la télévision avant et de voir que ce n’est pas quelque chose qui oriente votre épanouissement personnel. Concrètement, ce n’est pas ça qui vous agite. Elle crée un intérêt sur vous alors que vous avez juste dit trois mots et demi. C’est totalement disproportionné. Je comprends donc mon personnage ayant tendance à désacraliser son métier au contact de ce héros « ordinaire » qui tombe amoureux d’elle.

Croyez-vous à la phrase suivante : « On ne badine pas avec l’amour » ?

(Petit silence) Je me souviens d’avoir parlé un jour avec Fabrice Luchini autour d’un déjeuner. C’était pendant une période assez légère de mon existence… (rires) Il m’a dit un truc qui m’a profondément marquée : « Toutes les relations sont graves. » Cette phrase m’est restée en tête. Ce n’est pas parce que les choses ont l’allure de la légèreté qu’elles le sont forcément.

Qu’est-ce qui vous séduit chez les gens ?

Leur curiosité… Une certaine manière d’envisager l’existence. La fantaisie, l’humour…

Propos recueillis par Mehdi Omaïs

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