De Olivier Nakache et Eric Toledano avec Omar Sy, Charlotte Gainsbourg et Tahar Rahim
Ils auraient pu choisir la facilité. Revenir sous le feu des projecteurs avec une comédie lambda, écrite à la va-vite, et profiter du rayonnement intact de leur Intouchables et de ses près de vingt millions de tickets vendus. Mais le tandem Olivier Nakache et Eric Toledano en a décidé autrement, préférant choisir, après le handicap, un autre sujet de société fort : l’immigration. Longtemps désireux de raconter le quotidien de « ces travailleurs qu’on voit fumer dehors en tablier de cuisine à la sortie des restaurants », les cinéastes ont attendu de tomber sur la bonne histoire pour lancer la machine. Laquelle s’est présentée sous la plume de l’écrivaine et réalisatrice Delphine Coulon. Samba est en effet librement adapté de son roman Samba pour la France, paru en 2011. Si les personnages n’ont pas changé, le ton à l’écran est résolument plus solaire. On y suit donc à la trace un sans-papiers sénégalais (Omar Sy) qui multiplie les boulots pour arrondir ses fins de mois. Le reste de son temps, il le consacre aux paperasses administratives, jouant des coudes pour obtenir cette satanée régularisation. Esseulé malgré le soutien de son oncle, qui le loge, Samba entrevoit de la lumière en Alice (Charlotte Gainsbourg), cadre sup reconvertie en bénévole dans une association après un burn out. Pour leur cinquième collaboration avec Omar Sy, Toledano et Nakache ont une nouvelle fois soigné leur écriture et leur mise en scène, aspirant à proposer un divertissement noblement populaire, qui ne se fout pas de la gueule du public. Leurs personnages, solidement incarnés par un quatuor solaire, possèdent ce qu’il faut de charisme pour qu’on ait envie de les suivre dans leurs nombreuses contrariétés. Ce sont d’ailleurs eux qui nous font oublier une mécanique narrative si bien huilée qu’elle en devient peut-être trop prévisible. Il n’empêche que ce carton assuré au box-office défonce louablement les clichés et donne un visage à ces incessantes statistiques matraquées par certains politiques. D’aucuns trouveront probablement le cheminement de Samba simpliste mais il a le mérite de remettre quelques pendules à l’heure en prouvant qu’un sans-papier n’est pas qu’un flemmard dont la volonté première est d’entuber le système. Ce n’est que du cinéma, direz-vous. Peut-être suis-je naïf… Mais franchement, je m’en fous un peu.
Mehdi Omaïs
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