Critique : La Famille Bélier

belierDe Eric Lartigau avec Louane Emera, Karin Viard et François Damiens

La note des Cinévores : 3étoiles

Quatre ans après L’homme qui voulait vivre sa vie, le réalisateur Eric Lartigau semble bien parti pour tutoyer les étoiles du box-office avec La Famille Bélier. Evidemment, la comparaison avec Intouchables est inévitable dans la thématique que cette comédie aborde (le handicap) et la dimension populaire du récit qu’elle propose. Certes, les deux oeuvres sont différentes : la première est beaucoup plus solide cinématographiquement quand la seconde touche davantage le spectateur en plein coeur (grâce notamment à une séquence finale qu’on ne révèlera pas). En préambule de ce billet, je vous donne un conseil d’ami : mettez votre cynisme au placard si vous décidez d’aller à la rencontre de la famille en question. Laquelle est composée de sourds-muets cravachant au quotidien pour faire tourner leur modeste ferme. Il y a le père (François Damiens), bonhomme fier à qui on ne la fait pas à l’envers et qui rêve de devenir maire de son village. La mère (Karin Viard), une femme brave qui, comme son mari, est très portée sur le cul. Le fils (Luca Gelberg) qui les aide avec abnégation. Et la pétillante Paula (Louane Emera, demi-finaliste de The Voice), matrice absolue de cette smalah. Seul être doué de la parole, cette dernière découvre un beau jour la puissance de sa voix grâce à un exubérant professeur de chant (excellent Eric Elmosnino) vouant un culte absolu à Michel Sardou. Tyrannique à souhait jusqu’à menacer ses ouailles galeuses de développer un cancer du colon en raison de leur paresse, le mélomane va se mettre en tête de mener la talentueuse jeune fille vers le succès (et au-delà). D’abord sceptique, le spectateur oubliera très rapidement la mise en scène téléfilmesque de l’entreprise, ses dialogues souvent simplistes et ses bons sentiments plein de saccharose. De fil en aiguille, le charme et la générosité qui se dégagent de cette histoire l’emporteront sur la forme. On ne se pose alors plus de questions et on se laisse porter par l’expressivité saisissante et drolatique du duo nympho-cool Karin Viard/François Damiens et par la fraîcheur du jeu de Louane Emera. S’il n’est certainement pas le film de l’année, La Famille Bélier fait un bien fou et pourrait bien créer la sensation jusqu’à devenir l’un des plus gros succès de ces dernières années. Avec en prime, la réhabilitation totale du catalogue de Sardou, pour le plus grand bonheur de ses fans et pour le gros malheur de ses détracteurs.

Mehdi Omaïs