De Mario Fanfani avec Guillaume de Tonquédec, Jeanne Balibar et Nicolas Bouchaud
Trois mois après la sortie d’Une nouvelle amie de François Ozon, dans lequel Romain Duris se dressait sur des talons aiguilles, le cinéma français offre au public une autre incursion au cœur du travestissement. Dans Les nuits d’été, second film de Mario Fanfani dont l’action se situe à Metz, en 1959, ledit sujet est abordé tout en délicatesse. Le héros, un notaire de province réputé, est dépeint avec une pudeur de tous les instants, qui rend son désir de devenir femme parfaitement naturel. Dans la peau du protagoniste en pleine mue, Guillaume de Tonquédec, révélé au grand public grâce à son second rôle marquant dans Le prénom, livre une prestation remarquable. Sans jamais tomber dans la vulgarité, il fait fi de toute posture et esquive les mimiques appuyées, allant droit vers une forme de sincérité touchante. En parangon de la sobriété, il évite de réduire le travesti(ssement) à ses trop nombreuses idées reçues. Et prouve que sa palette de comédien est encore riche de couleurs inexplorées. Si l’ensemble des interprètes, venant globalement du théâtre, constitue la force majeure du film, il convient également de saluer le travail de reconstitution entrepris. Située en pleine guerre d’Algérie, l’intrigue panache discussions politiques, scènes de couple et surtout, pétillants moments de chansons (de Boris Vian à Jeanne Moreau). En effet, les hommes du récit, inspirés par un groupe de travestis du New-Jersey des années 60, vont prendre leurs quartiers à la Villa Mimi et composer une attachante communauté. Le temps de plusieurs Nuits d’été.
Mehdi Omaïs
Suivez les Cinévores