Critique : Tu veux ou tu veux pas

De Tonie Marshall avec Patrick Bruel, Sophie Marceau et André Wilms

La note des Cinévores : 0étoile

Tu veux ou tu veux pas. Il n’y a pas de point d’interrogation à la fin du titre du nouveau long métrage de Tonie Marshall. Mais comme la question est somme toute évidente et que je suis quelqu’un de poli, j’offre cette réponse (qui a subi au passage une petite autocensure) : « Non, je ne veux pas. Mais alors là, jamais de la vie ! » Je pourrai agrémenter cette exclamation d’un coup de poing sur la table. Pas un geste de violence, non. Mais de dépit pantagruélique. Car c’est bel et bien dépité et embarrassé que j’ai quitté, comme on sort de geôle, les deux personnages principaux de cette comédie négligeable. D’un côté Lambert, interprété paresseusement par un Patrick Bruel limité, un accro au cul qui a choisi de devenir conseiller conjugal pour rester abstinent. De l’autre Judith, campée par la sexy (il faut l’avouer) Sophie Marceau, une nymphomane fière de l’être qui dévore les hommes jusqu’à la lie. Coup de bite du destin, la seconde va devenir l’assistante du premier et enclencher une guerre du désir. Derrière ce pitch sympathique à défaut d’être original, on attendait une œuvre débridée, politiquement incorrecte et cinglante. Un minimum syndical que la réalisatrice et ses acteurs-stars sont hélas à des années-lumière de tutoyer. Laborieusement écrit, orchestré comme un téléfilm des années 80, Tu veux ou tu veux pas balade ses héros inconsistants et stéréotypés dans des situations on ne peut plus convenues où les (sou)rires sont complètement bannis. Louchant sur les comédies de mœurs rivalisant de délicieux quiproquos comme les américains savent plutôt bien faire, Marshall multiplie les dialogues insipides et fait du sur-place tout du long, empêchant son labeur de prendre du corps. Ni poilants, ni attachants, ni même crédibles, Judith et Lambert forment un duo fantomatique… et problématique. L’ensemble présuppose en effet que la femme ne peut retrouver le droit chemin qu’en rencontrant son prince charmant. Désolé mais Disney est déjà passé par là, sans se foutre (totalement) de la gueule du spectateur.

Mehdi Omaïs