De Frank Miller et Robert Rodriguez avec Eva Green, Josh Brolin et Jessica Alba
Depuis juin 2005, Sin City, la ville du vice et de la violence endémique, n’avait plus ouvert ses portes. Nous étions restés sur une forte impression, celle d’un choc visuel minutieusement concocté par Robert Rodriguez et Frank Miller, auteur de la série de comics originelle. Huit ans plus tard, voilà que la paire se reforme afin de replonger les aficionados dans les obscures ruelles d’une cité en putréfaction. Au coin des rues, des milices se forment pour combattre de sordides criminels tandis que la justice n’est plus qu’une ombre errante. C’est dans ce terreau infertile que les réalisateurs jettent leurs acteurs comme on balancerait de la viande fraîche à des crocodiles. Il y a Johnny (Joseph Gordon-Levitt), as du poker bien décidé à dépouiller le véreux et querelleur sénateur Roark, la vénéneuse Ava Lord (Eva Green) qui met les hommes en coupe réglée grâce à sa plastique vertigineuse ou encore la candide Nancy (Jessica Alba), obsédée par le suicide de John Hartigan (Bruce Willis) et prête à tuer par vengeance… Soit autant de personnages lancés à vive allure dans une gigantesque et glauque pétaudière où tous les coups, surtout les plus vils, sont permis. Tournée en 3D, cette suite très attendue tient toutes ses promesses d’un point de vue purement formel. La mise en scène soignée et le travail sur le noir et blanc, d’où émergent quelques griffures colorées, donnent véritablement l’impression de feuilleter un roman graphique. Malheureusement, cette belle poudre aux yeux ne masque pas pour autant la sécheresse d’un scénario dont les personnages ne sont que de simples faire-valoir. Sans émotion ni tension, Sin City : J’ai tué pour elle renferme dans ses louables ténèbres une désespérante impression d’inachevé.
Mehdi Omaïs
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