Critique : [Rec] 4 Apocalypse

De Jaume Balagueró avec Manuela Velasco, Paco Manzanedo et Héctor Colomé

La note des Cinévores : 2etoiles

Depuis une dizaine d’années, nos amis espagnols ont su redonner de belles couleurs au cinéma de genre européen. Bon ok, les anglais ne sont si pas loin alors que, sur nos terres françaises, on tâtonne toujours… Au creux de ce renouveau du cinéma d’horreur initié en Espagne : le cinéaste Jaume Balagueró. En 2008, il signait avec son comparse Paco Plaza le saisissant [Rec], un petit film concept qui devint très rapidement une référence du found footage sanglant. Succès aidant, le duo enchaînait un an après sur [Rec]2 qui, malgré une efficacité certaine et une volonté de divertir, laissait déjà transparaître des faiblesses dans les idées. Le troisième volet, sous-titré Genesis, et signé Plaza, se détachait clairement des autres avec une tonalité plus débridée, offrait de vrais grands moments de n’importe nawak  – impossible d’oublier la mariée en sang brandissant sa tronçonneuse -, mais échouait à révolutionner ce qui avait déjà été fait. Jaume Balagueró se réservait donc l’ultime volet, APOCALYPSE, pour mettre fin à une saga lucrative, inégale et jouissive. En guise de conclusion, un retour aux fondamentaux s’impose. Le réalisateur renoue avec l’idée d’un terrain de jeu en forme de huis clos. L’intrigue prend en effet ses quartiers quelques heures après les événements qui ont bouleversé la vie tranquille d’un immeuble barcelonais. Là, l’armée investit les lieux pour tout faire péter. Seulement voilà, il y a une survivante, elle s’appelle Angela Vidal, elle est belle et il faut rapidement la mettre en quarantaine dans une zone sécurisée. Laquelle constitue un terreau fertile pour une résurgence du mal. Dans un traitement plus proche des derniers Resident Evil, Balagueró semble cette fois s’amuser plus que d’habitude avec les codes du genre, créant de faux suspenses (« qui est infecté ? », « tiens, séparons-nous… ») et proposant, en dehors des moments de peur, d’étonnantes parenthèses d’humour. Le résultat est donc à l’opposé du premier, sans aucune surprise de forme, mais sans frein quand il est question d’appuyer sur le bouton « hémoglobine ». Cenfeu d’artifice rouge marque, avec générosité, la fin de ces jeux olympiques du zombie. Rendez-vous dans quatre ans dans une autre ville d’Espagne ? Allez savoir.

            Mathieu Gayet (Onlike.net)