De Tobe Hooper avec Marilyn Burns, Allen Danziger et Teri McMinn
Difficile de formuler des phrases quand tant de choses ont déjà été dites. Massacre à la tronçonneuse fait partie des neiges éternelles de la montagne cinéma. Il s’agit d’une œuvre colossale qui continue de traverser les décennies sans effort, la mine altière, en surclassant allégrement ses contemporains. Et dire que ce chef-d’œuvre n’aurait sûrement pas existé si son réalisateur, Tobe Hooper, ne s’était pas retrouvé étouffé par la foule opaque des fêtes de Noël. Flash-back ! Nous sommes au début des années 70 quand l’intéressé est bousculé par les clients surexcités d’un grand magasin. Ni une ni deux, il atterrit devant le rayon des tronçonneuses, les regarde avec appétit et s’imagine déchiqueter ses congénères jusqu’à arriver à la caisse. A partir de ce fantasme gore, Hooper se lance dans l’aventure d’une vie en racontant le calvaire vécu par cinq amis, quelque part dans le ventre du Texas. A court d’essence, paumés dans un paysage de désolation que Stephen King n’aurait pas boudé, ces derniers tentent de trouver de l’aide en tapant à la porte d’une maison abandonnée. Erreur fatidique qui les conduit tout droit chez une famille de sociopathes dont la mascotte porte un masque fait de peaux humaines. Son surnom ? Leatherface. Tueur un peu débile inspiré par le véritable serial-killer américain Ed Gein, coupable d’une dizaine de meurtres perpétrés dans le Winsconsin en 1957, ce grand malade a le chic de brandir sa tronçonneuse pour accueillir ses invités. S’ensuit dès lors un jeu de massacre anthologique dénué d’une once d’hémoglobine, comme veulent le faire croire ceux qui en réalité n’ont jamais vu le film. Tourné dans des conditions difficiles pour 140.000 dollars, Massacre à la tronçonneuse est entré dans les annales pour sa mise en scène virtuose, plongeant le spectateur dans une atmosphère crasseuse ; pour le bruit terrorisant de l’arme du tueur, qui compose à lui seul la bande originale de l’entreprise ; et pour les immuables polémiques qu’il a suscitées. Sans second degré abêtissant, Hooper ne recule devant aucun obstacle pour mener ses personnages jusqu’au bout de l’enfer, de la dégénérescence humaine et les confronter à des situations que nos rétines sont incapables d’effacer. 40 ans après sa naissance (un peu maudit – Hooper ne retrouvera jamais la toute-puissance ce coup de maître), le potentiel horrifique de ce classique, intact, est décuplé par une version restaurée 4K qu’il serait aberrant de rater.
Mehdi Omaïs
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