De Sam Mendes avec Leonardo DiCaprio, Kate Winslet et Kathy Bates
Qu’ils ont changé (en bien) les amants mythiques du Titanic ! Pour la nouvelle composition du talentueux Sam Mendes, réalisateur du cinglant et plébiscité American Beauty, le duo Kate Winslet/Leonardo DiCaprio se reforme onze ans après le succès qui l’avait révélé à la planète entière. Onze années pendant lesquelles chacun a fait son bout de chemin avec brio, alternant grands rôles hollywoodiens et participations à des films plus exigeants. Autant de longs métrages qui leur ont permis de redescendre sur terre, de peaufiner leurs jeux d’acteurs, de glaner de l’expérience. Ce qu’il fallait pour cette adaptation du roman culte de Richard Yates, La fenêtre panoramique. Crève-cœur au possible, Les noces rebelles dissèque avec une précision de génie les vicissitudes de la vie à deux et tous ces petits travers imperceptibles, cachés dans un souffle ou un geste anodin. L’histoire ? Jeune couple ambitionnant à une existence libre où chacun pourrait aller à la rencontre de sa sensibilité profonde, de son véritable chemin de vie, de ses aspirations primaires, Frank et April Wheeler ne cessent pourtant de se déchirer, prisonniers d’une banlieue résidentielle morose aux apparences de prison à ciel ouvert. Lui espère monter en grade dans la société qui l’emploie, elle ne rêve que de Paris où elle pourra enfin laisser sa part d’artiste s’exprimer. Derrière le vernis de leur quotidien, filmé sobrement, la gangrène ne cesse dès lors de gagner du terrain, rendant les protagonistes tour à tour violents, fragiles et impitoyables. Entre disputes anthologiques et accalmies salutaires, Kate Winslet et Leonardo DiCaprio, en totale symbiose, rivalisent de talent. Autour d’eux, les seconds rôles ne sont pas en reste, à l’instar de Michael Shannon, affolant en détraqué qui ne croit pas si bien dire. Œuvre au classicisme lumineux, portée par une partition magnifique signée Thomas Newman, ces noces touchent au plus profond et marquent les esprits de manière indélébile. Une expérience conjugale sacrément traumatique !
Mehdi Omaïs
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