De Alfonso Cuarón avec Sandra Bullock et George Clooney
Attendu comme le messie cinématographique de l’année 2013, Gravity devrait mettre tout le monde d’accord. Les fans de SF comme les amateurs de films expérimentaux, le public mainstream comme celui des cinémas d’art et d’essai ; sa force première étant de rappeler à chaque spectateur pour quelles raisons il aime le septième art et le consomme dans une salle obscure. Car oui, avec ce trip spatial hallucinant, le cinéaste mexicain Alfonso Cuarón a réussi à contenter les investisseurs hollywoodiens tout en gardant une rigueur et une audace miraculeuses dans sa mise en scène. En cela, sa présente œuvre constitue une sorte d’œcuménisme de la religion cinéma. Gravity commence par un plan-séquence de toute beauté qui dévoile ses deux héros. Il y a le docteur Ryan Stone (Sandra Bullock), experte en ingénierie médicale qui réalise sa première expédition à bord d’une navette. Et Matt Kowalsky (George Clooney), astronaute expérimenté et tchatcheur. La vue est belle, le silence d’or. Mais très vite, le drame se produit. Des débris traversant l’espace à une allure insensée bouleversent le voyage. Deux membres de l’équipe meurent alors que Ryan et Matt sont séparés, dérivant dans l’atmosphère en insupportables tournoiements. Commence alors ce qui sera ni plus ni moins qu’un survival, avec son lot de contrariétés et de péripéties. Mais un survival de luxe, magnifié par une 3D totalement immersive et des mouvements de caméra légers, virtuoses, qui permettent une expérience organique. Au-delà des personnages, c’est le dispositif entier de mise en scène qui est en gravitation, exauçant le rêve de gosse des spectateurs : aller dans l’espace. On regrettera la simplicité des dialogues, certains mots d’humour superflus. Mais ce ne sont que des broutilles à l’échelle de ce divertissement d’auteur magistral, alliant spectaculaire et minimalisme avec un sens de l’équilibre vertigineux. Si seulement toutes les productions hollywoodiennes pouvaient partager 1/1000ème de l’ADN de ce Gravity, on planerait de bonheur. Préparez-vous donc au décollage… dans une bonne salle, équipée de préférence de la technologie Atmos. Bon vol !
Mehdi Omaïs
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