De Rasmus A. Sivertsen avec les voix de Trond Braenne, Kåre Conradi et Jon Brungot
Yeux rivés vers le ciel, les habitants de Pinchcliffe, un petit village perché sur la montagne, désespèrent. Alors que Noël approche à pas de géant et que leurs maisons ont été minutieusement décorées, la neige se fait supplier. Pis, aucun nuage ne se pavane au-dessus des têtes accablées, réduisant les espoirs de manteau blanc comme une peau de chagrin. Solan et Ludvig, deux énergumènes indéfinissables, s’inscrivent dans cette triste cacophonie. Au bout du rouleau, ils demandent à leur ami inventeur, le vieux Féodor, de construire un canon à neige capable de blanchir tous les environs. Un défi que l’érudit réalise haut la main. Mais le rédacteur en chef du journal local s’en saisit pour faire la pluie et le beau temps. Véritable phénomène de société en Finlande où il a réuni l’an dernier un million de spectateurs sur une population de cinq millions d’habitants, De la neige pour Noël est adapté d’un livre pour la jeunesse d’Harald Sommerin Simmonaes, lui-même inspiré par les personnages de l’illustrateur Kjell Aukrust. Au terme de trois années de travail intense, le réalisateur Rasmus A. Sivertsen en a tiré une œuvre enlevée et bourrée de charme. Le caractère old school du procédé – l’animation a été faite image par image – participe sûrement dans ce ressenti. A l’approche des fêtes, ce long métrage constitue une sortie idéale pour les enfants, qui se délecteront de certains personnages truculents, comme pour les parents, qui trouveront de quoi se mettre sous la dent. En effet, en filigrane de ce conte pour les petits, le scénario se permet quelques coups de couteau bien sentis dans notre société sensationnaliste et dans le journalisme. Le jusqu’au-boutisme délirant du rédac-chef contribue sans nul doute à l’originalité du résultat. Dévoyé par ses lecteurs pour promettre au quotidien une neige qui ne vient jamais, sa jubilation à l’idée de pouvoir contrôler le ciel est jouissive. A découvrir donc, qu’il neige ou non.
Mehdi Omaïs
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