D’Ariel Vromen avec Kevin Costner, Gary Oldman et Gal Gadot.
Criminal est un film comme on n’en fait plus. Et, ne vous y méprenez pas : cette affirmation est loin d’être un compliment. C’est que ce long métrage d’Ariel Vromen, façon voyage dans le passé sans DeLorean, nous ramènerait presque au temps de la VHS. Approfondissons… On a affaire là à un énième techno-thriller, enduit de naphtaline, sur fond d’implantation cérébrale. En gros : un prisonnier méchant et dangereux se voit déposer dans son ciboulot tout le savoir-faire d’un agent de la CIA décédé. Vous voyez le genre ? Ajoutez à cette recette éculée une ribambelle de vieilles gloires des nineties, réminiscence d’une ère révolue : Gary Oldman en chef hystérique, Tommy Lee Jones en savant stoïque et Kevin Costner qui obtient la palme du vétéran old school. Mi cabot, mi ridicule, le vieux briscard empoigne de nouveau la liamneesonerie qu’il avait épousée avec 3 Days to Kill il y a deux ans. L’ex Bodyguard revient ainsi plus énervé que jamais, défouraillant sur tout ce qui bouge (surtout les inconscients qui se mettent en travers de son chemin). Hélas, ces multiples péripéties qui auraient dû sinon faire passer le temps, du moins divertir, se révèlent finalement assez barbant. La faute à un scénario cousu de fil blanc qui ne laisse aucune place à la surprise ou à la modernité. Ici, la CIA joue un double jeu, le méchant étranger est ultra-caricatural et le taulard psychotique arbore un cœur d’artichaut à l’arrivée… Les clichés, passés à la moulinette, pleuvent d’un bout à l’autre comme autant de douilles réchappées des Expendables. Et ce ne sont pas les scènes d’action, rares et molles de la gâchette, qui rattrapent le coup. Que dire en effet des cascades en bagnoles évoquant, bon gré mal gré, la série télé allemande Alerte Cobra… La violence, employée de façon très graphique, se révèle par ailleurs trop appuyée, induisant un décalage entre effluves gores et action en carton-pâte. C’est dire si Ariel Vromen, déjà réalisateur de l’anecdotique The Iceman en 2013, continue de tâtonner dans les couloirs embouteillés du polar. Dans une autre vie, Criminal aurait pu faire l’effet d’une Madeleine de Proust, d’un plaisir coupable. Hélas, ça se recrache très vite.
François Rieux
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