Interview : Pierce Brosnan dévoile les secrets November Man !

pierceDans November Man, en salles ce mercredi, Pierce Brosnan se glisse sous les traits d’un ex-agent de la CIA chargé d’une mission périlleuse aux répercussions internationales. Un rôle pas si éloigné de celui de James Bond, que l’intéressé a tenu plusieurs fois sur grand écran. A l’occasion du Festival du Film Américain de Deauville, le comédien s’est livré avec une rare franchise sur ce nouveau film, sa carrière et l’après 007.

 

Comment se sont déroulées les retrouvailles avec le cinéaste Roger Donaldson, qui vous avez dirigé il y a 17 ans dans Le Pic de Dante ?

C’était magnifique ! Les choses se sont faites facilement, avec fluidité. On a repris là où on s’était arrêtés. Notre amitié est bâtie autour du respect et de la camaraderie. C’est un homme généreux qui me donne toujours l’espace et la confiance qu’il faut pour être un meilleur acteur. C’est un vrai ami et un bon metteur en scène, qui sait y faire quand il est question d’installer une intrigue à suspense.The November Man : Photo Pierce Brosnan

Votre personnage, Peter Deveraux, n’est pas lisse du tout. Est-ce sa personnalité tourmentée qui vous a plu ? 

Absolument ! November Man est l’adaptation d’un livre de Bill Granger et les scénaristes ont fait un excellent boulot sur mon personnage. J’avais mon mot à dire sur sa teneur grâce notamment à ma productrice Beau St. Clair, qui m’a offert beaucoup de liberté. Peter est un ex-agent de la CIA très ambivalent, qui est capable du meilleur comme du pire, comme la scène où il sectionne sadiquement une artère fémorale. Il attire la sympathie du public et la perd sans arrêt, pendant toute la durée du film. En l’incarnant, j’avais le sentiment d’être sur la corde raide. (Réflexion) C’est un rôle physique. Quand on a 61 ans, il faut conserver son énergie, tenir la journée.

Il est à la fois très proche et très loin de James Bond…

C’est la même chose mais pas la même chose (rires). Ils sont tous deux espions, travaillent pour des agences, évoluent dans un monde sombre plein de subterfuges. Disons que, contrairement à Deveraux, James Bond est un langage, un vocabulaire à lui seul. C’est une figure iconique dont le public connait tous les secrets : le martini, le permis de tuer… Cela dit, j’ai eu une relation beaucoup plus intime avec le héros de November Man : un homme à la retraite, mari et père d’une fille… Je peux m’identifier à lui. Et j’ai eu la chance d’avoir une magnifique partenaire à l’écran, Olga Kurylenko. Je trouve qu’en plus d’être belle, c’est une actrice remarquable.

En parlant de James Bond, que pensez-vous de Skyfall et de Daniel Craig en 007 ?

J’ai un très grand respect pour lui et ce qu’il a construit avec le personnage. J’apprécie son travail, son talent, sa voix, sa présence… Skyfall est un film brillant, superbement réalisé par Sam Mendes, avec de l’émotion et des qualités artistiques. Mais je n’ai pas vu Casino Royale et Quantum of Solace parce que c’était très dur pour moi. (Sa voix se teinte de mélancolie) Il y avait de la douleur… Le rideau est tombé de manière inattendue alors que je regardais de l’autre côté. J’ai encaissé le coup et suis allé de l’avant.

Vous pouvez toujours jouer le rôle d’un méchant qui cherche des noises à Bond…

C’est une idée folle (rires). C’est probablement faisable. Mais non…

The November Man : Photo Olga Kurylenko, Pierce BrosnanRevenons à November Man. Il y est aussi question de transmission entre votre personnage et celui de son ancien élève. Plus généralement, qu’avez-vous envie de dire aux jeunes acteurs qui aspirent à une carrière comme la vôtre ?

Travaillez dur, faites les choses bien, lisez les livres d’histoire, entourez-vous de personnes bienveillantes, qui partagent votre humanisme et votre positivisme… Voilà ce que je dirais…

Maintenir sa carrière à flot, est-ce aussi ardu qu’une mission de la CIA ?

Votre métaphore est un peu forte. Avec le cinéma, au fil des années, j’ai pris du plaisir et j’ai souffert. Je suis passé par les belles étapes mais aussi ces moments difficiles où on croit être le meilleur pour un rôle et qu’on voit les portes se refermer brusquement. Il est important de savoir rebondir, essayer d’être meilleur que dans son film précédent… C’est une forme de combat. Il faut être fort comme une vieille paire de boots. (Réflexion) J’ai toujours voulu échapper aux cases, créer la surprise, rester vivant et bâtir, au final, une carrière qui ait de la couleur.

Par curiosité, auriez-vous pu être agent secret ?

Oh non, non, non (rires). Je n’ai aucun désir de faire ça. Je ne suis pas un homme violent.  Depuis tout petit, je voulais être dans les films. Etre une star de cinéma comme Steve McQueen, Clint Eastwood, Marlon Brando, Dustin Hoffman ou Spencer Tracy. J’ai quitté l’école à 15 ans avec rien d’autre dans ma besace que des dessins et des peintures. Je voulais être un artiste et j’essaye toujours de l’être.

Propos recueillis et traduits de l’anglais par Mehdi Omaïs